Zachariah Montgomery - À quoi ça sert de sauver la vie quand on voit ce que vous en faites ?

Noirs et Noirs.
1m82 et 68 kilos.
Pas du tout musclé.

Une cicatrice tout le long du poignet gauche.

L'attrape-Cœur, je ne regarde pas beaucoup de film, peut-être Amadeus.  
J'écoute beaucoup de classiques pour les jouer au piano. Ma mère adorait le Jazz alors, je dirais que ma chanson préférée est My Way de Frank Sinatra.
L'omelette aux cèpes et le jus d'orange pressé.
Dieu n'existe pas.
J'ai couché avec assez d'hommes politiques pour savoir qu'ils ne pensent qu'à leur propre réussite, et que ce n'est pas grâce à eux que le Monde ira mieux un jour.
À l'heure actuelle, l'environnement est vraiment la dernière de mes priorités.
Je pense que tous les hommes sont un peu homosexuels, au fond. C'est dans notre nature de chercher à enculer notre voisin. Alors pourquoi aller contre sa nature ?
La fidélité, c'est une notion assez abstraite. Est-ce que rêver d'un autre partenaire que le nôtre relèverait de l'infidélité ? Personnellement, cela n'a pas d'importance à mes yeux. Je ne pense pas qu'il existe des âmes-soeurs en ce monde, alors autant faire ce que l'on a envie de faire.
L'amour ? C'est une incroyable source d'inspiration pour écrire des mélodies.
Certaines drogues sont intéressantes pour créer, mais dans l'ensemble, je préfère garder l'esprit clair. Composer dans un état second est beaucoup trop difficile. Et, je ne suis pas vraiment le genre d'élève qu'on invite à des soirées. Cela ne me manque pas, c'est une perte de temps.
L'artiste dérangé ? Celui dont on ne sait rien, qui n'a pas d'amis et qui passe son temps en salle de musique à jouer du piano.
Je ne sais pas, peut-on considérer les provocations, les moqueries et les bousculades comme du harcèlement ? Ce n'est pas très grave, et je n'ai pas besoin d'amis.
Je suce bien mieux que la plupart des Pompom-girls, mais même si c'est vrai, je suppose que ce n'est pas de ce genre de qualité dont on parle...Je suis bienveillant et je préfère pardonner aux gens qui ne le sont pas, plutôt que de leur en vouloir toute ma vie.
Je ne peux pas me concentrer plus de cinq minutes, que ce soit sur un devoir ou dans une conversation, je finis toujours par ne plus me préoccuper de ma feuille ou de mon interlocuteur. Je ne fais pas exprès, j'entends de la musique dans ma tête et je me sens obligé de l'écrire.
Je suis obsédé par la musique et les notes qui se jouent en permanence à l'intérieur de ma tête. Jour et nuit, je ne songe qu'à composer pour ensuite pouvoir faire glisser mes doigts sur les touches d'un piano. Il n'existe rien de plus beau que le son du piano. C'est ce côté artiste obsessionnel qui ne plait sans doute pas à mes camarades de classe, et qui explique pourquoi je ne parviens pas à me faire des amis. Ils ne comprennent pas, personne ne peut comprendre. Jouer du piano, c'est toute ma vie. C'est ce que je fais de mieux... Sans ça, je serais mort.

De toute façon, je suis très loin d'avoir les mêmes problèmes et préoccupations que les jeunes de mon âge. J'ai vu et fait des choses qu'ils n'oseraient même pas imaginer, alors chaque fois que je les entends parler entre eux, je ne peux pas m'empêcher de me dire qu'ils sont superficiels et stupides. Ils ne profitent pas de la chance qu'ils ont d'avoir des vies normales, des parents normaux, des soucis existentiels banals. J'aimerais les secouer et leur dire que des millions de gamins dans le monde n'ont pas le quart de ce qu'ils ont, et que eux, ils ne se plaignent pas constamment...
Ce n'est pas par méchanceté, ou parce que je me considère meilleur qu'eux, c'est juste une constatation. J'ai forcément du mal à me mêler à leur discussion, à rire avec eux, et ils l'ont bien compris, donc j'ai vite été exclu de leur petite communauté. Cela ne me gêne pas, je n'ai jamais eu d'amis, alors je ne me rends pas vraiment compte de ce qu'il me manque. Je suis un solitaire.

Pourtant je suis sincèrement bienveillant, je participe à de nombreuses associations caritatives en aidant les sans-abris, ou les jeunes défavorisés... Avec le secret espoir de retrouver les autres adolescents qui partageaient mon quotidien. J'aimerais les sauver, comme on m'a sauvé... Mais sortir de cet enfer, c'est aussi difficile que grimper l'Everest sans protection contre le froid.
J'organise aussi des concerts caritatifs, puisque mon seul don c'est le piano, autant qu'il serve à aider les gens. Je joue, je rends les spectateurs heureux, et l'argent qu'ils me versent revient à des œuvres de charité. Si je pouvais changer le monde à moi tout seul, je n'hésiterais pas.

À côté de cela, je ne suis pas très bon élève. Les cours m'ennuient. Je fais des efforts pour Barth, mais je me sens toujours largué en classe. J'aurais vraiment aimé le rendre fier de moi, mais j'ai l'impression d'avoir pris trop de retard à ce niveau-là et de ne pas pouvoir le rattraper. Avant le lycée, et Barth, l'école ne m'était pas très familière, et aujourd'hui, elle ne m'intéresse plus. J'essaie de me concentrer, de travailler, mais je préfère la musique.

Pour finir, je suis très reconnaissant à Barth de m'avoir sauvé, et de prendre soin de moi comme de son propre fils. Je l'aime autant que je pourrais aimer un père et je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour le remercier. Il est le seul à savoir ce que j'ai vécu désormais, sans lui, je n'aurais jamais réussi à aller de l'avant, et à pouvoir en parler comme je le fais. Je sais qu'il n'aime pas trop m'entendre plaisanter à ce sujet-là, mais c'est ma façon de passer à autre chose. D'accepter les horreurs que j'ai vécues et de vivre avec. Avec le recul, je me rends compte que tous les jours n'étaient pas si terribles... Et sans tout cela, je n'aurais jamais rencontré Barth.