And I know you want me, too || Ft. Nathanaël Around

Bien sûr, pour lui, les tenants et les aboutissants de notre relation avaient changé. Du moins essayait-il profondément de s'en convaincre. Il n'était plus le petit oiseau en cage, épris d'amour pour le bel étalon du lycée que tout le monde convoitait. A présent, il agissait comme un aigle qui pouvait enfin déployer ses ailes et revendiquait une indépendance farouche. Plus que tout, il aiguisait son intelligence contre moi. Et je devais admettre que son stratagème me tentait. C'était dangereux, et nous serions réellement sur un pied d'égalité. Mais tentant. Je lui fis un sourire resplendissant. Peut-être allais-je me laisser séduire par la proposition, en effet... Peut-être me laisserai-je prendre au piège en me mordant la queue. Peut-être bien...

"Oh, il y en a presque un dans toutes les chambres. Une lubie de mon très cher et tendre père qui adorait chasser, plus jeune. Un art auquel il m'a gracieusement initié."

Quel homme charitable. Honorer son fils de parties de chasses dès son plus jeune âge. Enfin, heureusement, à l'époque je n'étais pas seul. Mon frère et moi pouvions au moins nous lancer des regards complices sans qu'il ne nous voit.
Oui. Amusant comme les gens changent en fonction des circonstances. Après la mort de mon frère, mon Père ne m'avait presque plus adressé la parole. Finit les leçons moralisatrices, les parties de chasses interminables et les volées bien méritées. Mais je lui étais reconnaissant. Sans tout cela, je ne serai pas celui que je suis aujourd'hui je suppose. Et savoir chasser pouvait s'avérer être un atout solide... On ne savait jamais.

Tel un galant homme, je pris son sac et montai à l'étage avec lui. Nous passâmes devant quelques portes, il y avait beaucoup de chambres - à se demander pourquoi, nous ne recevions presque jamais personne. Je poussai l'une d'elle. Il n'y avait pas d'animaux empaillés dans cette chambre-là, seulement deux tableaux de nature morte. Cela lui plairait d'avantage, sans doute. Je déposai le sac sur la petite commode.

"Fais comme chez toi. Au bout du couloir, il y ma chambre et celle de Désiré à gauche. Mon père a une aile à lui, au moins il ne peut pas se plaindre d'être dérangé. Mais il n'est pas là en ce moment, donc si la curiosité se faisait trop forte... Tu n'es pas chez Barbe-Bleue, personne ne te tuera pour avoir ouvert une porte interdite."

J'esquissai un sourire amusé avant de me laisser tomber sur le lit, les bras derrière la tête. Je pris une pomme dans la coupe de fruit qui était régulièrement remplacée et croquai dedans.

"Tu sais, ton idée est très tentante. Peut-être que nous pourrions partager la prochaine ... Partie de chasse. Je suis sûr que le frisson doit être exaltant. Tu n'as pas peur d'être arrêté et de finir le reste de ta vie derrière les barreaux ? Quitter une cage pour en entrer dans une autre..."

Tout obnubilé que j'étais par l'insigne honneur que me faisait Damon chaque fois qu'il m'adressait la parole, mais après réflexion, je ne crois pas l'avoir déjà entendu parler de lui. Parler réellement de lui. De sa vie, de son passé. Damon est un mystère. Un mystère qui sait chasser. Je soupire. Rien que l'idée de cohabiter avec des animaux morts me rend malade. Mais, je ne peux pas me défiler maintenant...
Il finit par m'indiquer une chambre et pose mes affaires... Sa galanterie ne peut pas rattraper le fait qu'il ait chassé des animaux sans défense, mais je le remercie d'un hochement de tête.

"Merci... Pour la chambre."

Je lui souris. Je ne voulais pas faire de remarque Vegan, parce que c'est vraiment un truc d'emmerdeur, mais je ne peux pas m'en empêcher. Je n'oblige personne à arrêter la viande, ou la consommation de produits testés sur les animaux, mais la chasse...

"Contrairement à la jeune héroïne du Conte, je suis trop bien élevé pour me laisser emporter par ma curiosité... Et puis je n'ai pas particulièrement envie de fouiller dans les affaires d'un sale type qui tue des animaux pour le plaisir et qui apprend à son fils à le faire... Je dis ça avec tout le respect que j'ai pour ton père et toi."

Je ne sais pas quelle relation entretient Damon avec son père, mais je n'ai pas l'impression qu'ils soient très proches... De toute façon, quelle importance ? Même s'il se vexe, il me jette dehors, et bon débarras. Ce serait peut-être la meilleure chose qui pourrait m'arriver ce soir... Mais il y a de fortes chances qu'il n'en fasse rien. Damon ne possède aucun point sensible. Aucun bouton à déclencher pour le mettre hors de lui. Il est constant en permanence. Son père ne peut pas être sa faiblesse, ce serait trop simple. Trop décevant.

"Je suis surpris que tu te laisses tenter aussi facilement. Tu ne serais plus en position de force si tu participais... Mais je peux t'assurer que ce sera bien plus intéressant et jouissif que de s'attaquer à un animal qui n'a rien demandé et qui ne peut pas se défendre."

Je m'assois à côté de lui. Je n'avais même pas songé à la possibilité de me faire arrêter. C'est Damon qui s'est occupé de tout après le meurtre d'Eve... Mais s'il ne l'avait pas fait ? Si la police m'avait trouvé ? Qu'aurait pensé John ? Pourquoi est-ce à lui que je songe en premier ?

"Comme tu as visiblement envie de comprendre, je me permets de te parler de moi..."

Une chose que je ne fais pas en temps normal. Parce que je trouve ça un peu narcissique, et que personne ne m'a jamais réellement posé de questions à ce sujet-là... Damon est le premier qui s'intéresse à ce que je ressens. Que je le veuille ou non, nous sommes liés l'un à l'autre... Il est, et il sera le seul à connaître cette partie de moi.  

"Je n'ai pas peur d'être arrêté, puisque ça n'arrivera pas, tant que je ne l'aurais pas décidé. Je n'ai pas envie de l'admettre, parce que tu es un sale con antipathique, mais tu as raison pour tout. Cette envie m'habite depuis si longtemps... Je me suis imaginé des centaines de scénarios de meurtres parfaits. Je savais que je passerais à l'acte, tu as juste bousculé mes plans. C'est pour cette raison que j'ai paniqué après Eve. Ce n'était pas prévu, c'était impulsif et dangereux. Je ne sais pas ce que tu as fait du corps, et je te remercie de t'en être occupé, mais si on le retrouve en bon état, alors il n'y aura que ce cadavre-là qui pourra un jour me porter préjudice. Les prochains meurtres seront préparés et soignés... Ils ne devront pas se ressembler. Je préfère tuer des femmes, mais il faudra tuer des hommes, et le mode opératoire ne sera pas deux fois le même."

Chaque fois que je parle de ça, je me sens apaisé. Comme si j'acceptais la personne que je suis. Je n'arrive même plus à en vouloir à Damon. Parce que la simple idée qu'il se joigne à moi pour les meurtres suivants m'excite. Je n'avais jamais envisagé cette possibilité... J'ai toujours tout fait seul, alors tuer à deux... L'avantage flagrant de cette situation, c'est qu'il pourra satisfaire mon excitation sexuelle sur le moment. Je le regarde en souriant...

"Nous pourrions littéralement chasser la prochaine victime, mais... Il faut que tu m'apprennes à tirer."

Je ris en croquant une nouvelle fois dans ma pomme. Une description plutôt amusante venant de la part d'un homme qui rêvait d'étrangler d'autres femmes - ou de les tuer autrement. Décidément, Nathanaël m'étonnait. C'était une bonne chose, je ne m'ennuyais pas avec lui. Et puis, maintenant, nous étions plutôt d'accord sur les termes de notre alliance. Il avait besoin de moi, et peut-être avais-je moi aussi besoin de lui quelque part. Pour l'instant. Tant qu'il m'intéressait. Mais il ne manquait pas d'intérêt.

« Je n'ai pas dit que j'aimais bien chasser et tuer les bêtes dans les bois. » précisai-je avec un petit sourire.

Mais j'étais plutôt intéressé par son idée de tuer à deux. De partager une partie de chasse. Je ne cherchais pas nécessairement une position de force. C'était plus facile de contrôler les choses de cette manière, oui, bien sûr. Mais où serait l'intérêt, alors ? Je n'étais pas contre voir évoluer notre relation, notre dualité. En mêlant cette passion commune, nous serions comme indissociables. Liés par le sang. Par un pacte tacite. Une union dangereuse. Nous serions tous les deux sur le fil, à se demander qui précipiterait l'autre en premier dans le vide. Mais peut-être finirions-nous par tomber tous les deux, en même temps... Qui sait ?

Je finis de manger ma pomme en l'écoutant parler. Bien sûr que j'avais raison. Il était temps qu'il l'admette. Qu'il admette que les changements n'étaient pas négatifs. Qu'il finirait bien par recommencer. Mais cette fois, en effet, il allait sans doute falloir plus de méthode et d'organisation. Je ne serai pas toujours l'hôte serviable se débarrassant des corps sans rien dire. S'il voulait tuer, il saurait apprendre la seconde partie du métier. Nathanaël était un homme intelligent. Il connaissait les procédés. Il s'était sûrement déjà renseigné sur des sujets touchant aux meurtres et aux crimes. Je m'allongeai sur le dos et le regardai. Avec cet angle de vu, il avait un côté plus sombre. Plus inquiétant. Surtout lorsqu'il parlait de ces choses-là. Air qu'il n'aurait pas eu auparavant, lorsqu'il me regardait avec ses yeux de merlan frit.

« En voilà de belles perspectives. Tu aurais donc envie que le fils du sale type qui tue des animaux pour le plaisir t'apprenne à trier pour chasser des humains pour le plaisir. » je lui fis un sourire moqueur avant de passer mes bras derrière ma tête. Je fixai le plafond. « Heureusement que notre lycée nous propose chaleureusement un club de tir, n'est-ce pas ? Et nous pourrons ensuite aller nous exercer avec diverses armes à feu dans la forêt. Je t'en enseignerai la portée, et l'utilité dans telle ou telle situation si tu me le demandes. »

De belles perspectives d'avenir. Cela m'enchantait. Malheureusement, fin Octobre, j'allais avoir un peu moins de temps à lui consacrer. J'avais d'autres projets sur le feu. Dont un qui concernait directement mon cher Désiré. Mon Autre inséparable. Chaque chose en son temps. Je me redressai et me levai.

« J'aime bien cette nouvelle version de toi, Nath. Tu es décidément beaucoup plus intéressant et plein de ressources. Comme quoi ! »

Je lui fis un grand sourire avant de me diriger vers la sortie de la chambre.

« Tu désires faire le tour du propriétaire ? »

Je ne parviens pas à savoir s'il dit ce que j'ai envie d'entendre ou s'il le pense réellement. Il ne m'a effectivement jamais dit que lui prenait du plaisir à tuer des animaux. Peut-être n'est-il pas le cliché du fils de riche arrogant qu'il prétend être ? Difficile à savoir avec lui, son masque est impossible à percer.
Je souris. Si je n'étais pas destiné à l'Enfer, cette fois, c'est bien le cas. Convaincre un homme comme Damon de tuer en ma compagnie est peut-être pire que de tuer seul. Mais l'idée d'apprendre à tirer me réjouit... Je n'aurais jamais pu demander à John de le faire, et de se rendre complice de mes actes. Alors que Damon... Damon est déjà impliqué. Et c'est déjà un sale type.

"Ce n'est pas comparable. Un animal, aussi intelligent soit-il, ne peut pas se défendre contre plusieurs hommes bien armés. C'est cruel, et pathétique. Un humain est plein de ressource. Il peut nous tuer, ou s'échapper. S'il ne s'en sort pas, c'est qu'il ne le méritait pas."

Je suppose que mon point de vue est compliqué à comprendre... D'habitude, les tueurs commencent par assassiner des animaux. Ils ne sont pas capable de ressentir de l'empathie. Ils se fichent de la vie en général... Forcément, mon discours ne semble pas cohérent avec mon nouveau passe-temps. Je ne peux pas l'expliquer. Pour moi, les animaux ont plus de légitimité à vivre sur cette planète que les être humains. Je n'ai jamais torturé la moindre fourmi pour soulager mes pulsions.
Je suis Damon hors de la chambre.

"Je veux que tu m'enseignes tout ce que tu sais, avant que nous ne commencions à chasser tous les deux. Je veux pouvoir m'amuser autant que toi si nous devons lâcher une proie dans les bois... Je lui souris, je suis vraiment ravi d'être une source de divertissement aussi passionnante à tes yeux. Si j'avais su que c'était le moyen d'attirer ton attention, je l'aurais fait plus tôt.

Ou pas. Je ne devrais pas plaisanter à ce sujet, mais puisque je vais devoir supporter la présence de Damon plus que je ne l'avais prévu, autant... Le prendre avec le sourire. Cela ne m'avancera à rien de ne pas lui parler pendant des semaines. Surtout qu'il peut se montrer plus utile que je l'avais espéré. Je suis mon guide vers les différentes pièces. Cet endroit est presque aussi grand que le château de mes parents. Combien de temps a-t-il vécu seul ici avant que Désiré ne le rejoigne ? Nous invite-t-il seulement dans le but de se divertir ? Ou pour combler sa solitude ?

"Maintenant que je sais pourquoi tu t'intéresses à moi, je me demande vraiment ce que Désiré a pu faire pour gagner sa place dans ton Paradis."

Damon, et son aura maléfique, qui nous envoûte sans notre consentement. C'est comme jouer avec le feu, nous savons que la flamme brûle mais nous ne pouvons pas nous empêcher d'en approcher nos mains.
Je le suis dans le jardin. Avec piscine, jacuzzi. Tout ce qui rend sa demeure très prisée pour une soirée. Je m'assois dans un fauteuil. Son terrain est immense, et la vue sur les bois est incroyable. C'était également le seul attrait du château. La nature.

"Je peux te poser une question ? À quoi pensais-tu lorsque tu m'as vu tuer cette fille ? N'as-tu pas envisagé une seule seconde de m'en empêcher ? J'adorerais fumer une cigarette, si seulement je n'avais pas arrêté pour sauver cette foutue planète, tu sais l'effet que ça a eu sur moi... Mais qu'as-tu ressenti, toi ?"

Cela lui donnait-il bonne conscience ou se souciait-il réellement de ces pauvres petits animaux sans défense ? Il n'était pas comme moi, il devait donc s'en inquiéter sincèrement. Je ne commentai pas son propos, ce débat serait inutile et je pouvais bien lui accorder une victoire sans faux litige. Il n'y avait pourtant pas de différences entre un animal et un homme chassés dans les bois. L'animal, lui, avait au moins le mérite d'être en terrain familier. L'humain... Se contentait de courir en appelant une aide qui ne venait jamais.

En quittant la chambre, je laissai la porte ouverte et plongeai les mains dans mes poches. La seule fois où Nathanaël était venu ici, il n'avait pas vraiment eu le temps de visiter les lieux alors bondés. Je descendis les escaliers afin de commencer par le commencement et nous nous retrouvâmes dans le hall tout en continuant de discuter.  Un léger rire franchit mes lèvres lorsqu'il prononça sa dernière phrase. Oh, non. S'il l'avait su plus tôt, il serait parti en courant sans pouvoir faire face à ses propres pulsions. Maintenant il n'avait d'autre choix que d'évoluer s'il voulait continuer à grandir dans son milieu, à s'adapter. Voilà la vérité.
Je le guidai ainsi à travers le salon, la salle à manger, la cuisine, l'un des bureaux puis remontai à l'étage où il y avait les différentes chambres inoccupées, et occupées. Je poussai finalement la porte de la terrasse, au rez-de-chaussée, alors qu'il me demandait ce que Dési avait fait pour mériter mon attention. Désiré... C'était un cas particulier. Nos deux familles se connaissaient depuis l'enfance. Il m'avait connu brièvement, autrefois. Il savait des choses que personne d'autre ne savait. Il était comme mon double, une âme-sœur. Il avait toujours eu toute mon attention.

« Disons qu'il est mon ombre et que, par conséquent, il a toujours eu mon attention toute entière. » lui dis-je doucement avant de me planter au bord de la grande terrasse, au-dessus de la piscine. Il y avait une vue imprenable sur une bonne partie de la forêt. Lorsqu'il me demanda ce que j'avais ressentis je ne répondis pas tout de suite. A vrai dire, s'il fallait être honnête, je ne ressentais pas grand chose de vrai. Tout était très mesuré, voire contrôlé. Ce qui définissait le mieux mes émotions était l'amusement. Je m'amusais vraiment beaucoup à observer l'humanité se débattre dans les ficelles tendues. Et puisqu'il fallait jouer sur un pied d'égalité avec Nath... « J'ai eu l'impression d'être Dieu. » lui dis-je en toute simplicité sans me tourner vers lui. Je passai mes mains derrière mon dos en admirant le terrain du manoir qui s'étendait bien au-delà des murets dressés autour du vergé. « Et cela m'a profondément amusé. »

Je me tournai vers lui et lui servis un sourire indéchiffrable avant de m'asseoir près de lui dans l'un des fauteuil de la terrasse. Je fermai les yeux, le visage tourné vers le ciel et les quelques rayons de soleil.

« Je sais que tu comprends où je veux en venir. Et lorsque nous serons prêts à partir chasser, toi et moi ne serons plus qu'un seul et même être. Est-ce que cela te fait peur ? » lui demandai-je en tournant la tête dans sa direction.

Je devrais résister à l'aura magnétique de Damon. Lui prouver qu'il ne peut pas toujours obtenir ce qu'il souhaite, et pourtant, je suis là, assis près de lui sur sa terrasse à discuter de nos futures activités. Je me sens stupide, et lâche... Mais, je me réconforte en songeant au fait que Désiré est l'élève le plus brillant du lycée, qu'il n'hésite jamais à s'interposer quand leurs amis de l'équipe de foot vont trop loin avec certains gamins, et que malgré tout, il ne peut se défaire du lien qui l'entrave à Damon.

Le sentiment qui m'envahit chaque fois que Damon pose les yeux sur moi est indescriptible. Ce n'est pas de l'amour, c'est plus puissant que cela. Je me sens unique. Comme si j'étais le centre de son univers pendant quelques instants, et je ne peux m'empêcher d'en redemander encore, et encore... Alors je comprends que Désiré soit resté. Je comprends qu'il puisse être impossible de se soustraire à son charme.
Quel emmerdeur ce mec.

"Tu es un psychopathe."

C'est l'hôpital qui se moque de la charité, mais je ne suis pas... Tout à fait comme lui, n'est-ce pas ? J'ai aimé tuer. J'ai besoin de le refaire, mais ce n'est pas que du divertissement. C'est une pulsion. Une nécessité vitale. Je le sens au fond de moi. J'ai l'impression d'être né avec ce désir et de ne me sentir entier qu'une fois réalisé.
Pour Damon, c'est un jeu.

"Mais, je ne te pensais pas capable d'autant de sincérité."

Je l'observe, illuminé par les rayons du soleil. Je me demande ce qu'il se passe dans son esprit. Si tout n'est qu'amusement, ou s'il cache quelque chose derrière le masque. Se mettrait-il à pleurer si quelqu'un déterrait ses secrets ? L'image d'un Damon en larmes me semble irréelle.

"Seul un idiot n'aurait pas peur de cela, Damon." Je plante mes yeux dans les siens. "Tu es plus dangereux que je ne le suis. Le pouvoir que tu exerces sur moi m'effraie, mais... Il est trop tard pour faire marche arrière désormais."

Je lui souris.

"Mais, je dois t'avouer que toutes ces appréhensions sont vite balayées par l'excitation que me procure l'idée de tuer à nouveau."